L’Espace City’zen Paris est né en mars 2016 au Parc Floral de Paris. Ce nom, “Espace City’zen Paris” était un programme, une promesse : un espace zen à Paris, au coeur de la Ville, un espace citiyen, “citizen” voulant dire citoyen en anglais. Et surtout, un espace. Un espace libre pour entreprendre, créer, inventé, accueillir, rencontrer.

 

Qu’est ce qu’un tiers-lieux ?

L’Espace City’zen Paris est un tiers-lieu. Comme le rappelle  “Quartier Général” dans une vidéo de présentation du concept, que je vous recommande même si elle présente plus les coworkings que les tiers-lieux culturels, on parle de “tiers” lieu car c’est un espace entre le travail et la maison. Je dirais plutôt qu’il s’agit d’un lieu ET : un lieu professionnel, disposant de tous les équipements pour travailler, ET un “chez soi” chaleureux où l’on peut se poser, cultiver ses passions, grandir.

Les tiers-lieux sont insaisissables. Riches par définition, hybrides par nature et en constante évolution ils épousent leur temps, leur milieu, leur écosystème. Vous trouverez des tiers-lieux très différents. Mais ils ont souvent quelqes ingrédients en commun : l’hybridation, la créativité, le brassage et le partage, un engagement pour défendre une culture, un projet et/ou animer un territoire, des valeurs fortes et un engagement citoyen volontaire, 

J’aimerais présenter ici comment l’Espace City’zen paris s’est inventé, quels ingrédients participent à créer ce goût particulier, chaleureux, créatif, zen et écolo que goûtent ceux qui viennent y partager une expérience.

 

Quels sont les caractéristiques d’un tiers-lieux ?

Hybride.

City’zen est un lieu hybride. 

Cet espace a vu naître, grandir et fleurir de nombreuses activités : une galerie d’art dédiée à la nature et à la nature humaine, un espace de coworking, une maison de thé, une boutique bio, éthique et écologique, une librairie dédiée au développement personnel et à la nature, des cours, stages, formations, séminaires basés sur le développement personnel, l’intelligence collective et l’utilité sociale, un cabinet de massage, un festival zen l’été… de nombreuses activités, mais toujours un dénominateur commun : le ressourcement.
 

C’est aussi un lieu qui mêle le travail et le développement personnel. 

Mardi dernier nous avions une formation professionnelle basée sur la facilitation et l’intelligence collective. Des salariés maniaient des photos, des papiers de couleur, des objets, des feuilles… comme s’ils assemblaient une recette magique pour une vie pro épanouie dans le grand chaudron du travail. Dans le hall, Mathias, photographe slasheur présentait ses photos. Il est aussi consultant. Mais là il intervenait avec sa “casquette” de photographe. Comme les lieux, les individus s’hybrident, et manient le / pour présenter la richesse de leurs compétences et de leurs vies.

Pendant ce temps là un cours en ligne se déroule. Florence initie un petit groupe au QiGong.

 

Pluridisciplinarité au cœur des arbres

Dans l’autre salle un séminaire rassemble une association militante pour la sauvegarde du climat. On parle de l’affaire du siècle et de ses conséquences. Nous préparons un arrivage dans la boutique : une commande de bijoux va bientôt être livrée. C’est une créatrice parisienne qui les confectionne en papier d’origami. Elle va venir présenter sa marque et animer un atelier d’Origami.

Finalement, les pros font du développement personnel, et les personnes du développement professionnel. La distinction importe peu. Le lieu pose l’accueil de chacun comme il est et de la tolérance comme un préalable. 

 

Séminaire au vert… comme à la maison

Pro comme au travail, le lieu est équipé en TV led, vidéo projecteur, tables et chaises de réunion, sono, wifi. Chaleureux comme à la maison il est meublé… un peu comme chez moi. Il y a de beaux meubles Boules, récupérés auprès de mon ami François qui vidait l’appartement de son oncle. Un canapé acheté sur le bon coin. Mes livres de chinois, parce qu’ils sont si beaux. Un coussin de Taïwan. Une petite statue. Des fauteuils en rotin sur lesquels j’avais flashé chez mon ami Laurent. Il y a des couleurs, des objets, des livres de coloriage, des pots de crayons, des livres pour enfant, Socialter, Hapinez et Flow. Vous pouvez vous poser. Sans consommer. Être là. Être chez vous. On ne demande que cela.

Pro et perso, public et privé. L’Espace City’zen est même une hybridation public-privée qui défie les juristes les plus équilibristes ! Exploité par une société privée, une SAS, l’Espace City’zen a pour objet de réaliser des missions de service public. Dans le cadre d’une sous concession de service public, il assure l’accueil du Parc Floral, la gestion de sa boutique, la programmation des expositions en lien avec la Ville de Paris… Une entreprise à but public. Nos recettes servent à financer nos missions de service public. Étonnant non ?

 

Au service de la créativité

Et pourquoi tant de richesse, tant d’activités, tant de foisonnement ? Parce qu’ils sont à mon sens les conditions à la créativité. À l’heure où l’humanité parie sur l’intelligence artificielle et les robots, nous défendons à City’zen une créativité vraiment humaine. Mais pour s’y relier, ce n’est pas toujours facile. Nous avons donc décidé de réunir, dans un espace, notre espace, toutes les conditions favorables à la créativité : un espace calme, dans un lieu inspirant au cœur de la nature, animé par des personnes chaleureuses, où tout le mobilier est adapté à chaque activité, où un réseau de professionnels partage ses compétences en intelligence collective, en management bienveillant, en pleine conscience.

Notre mission est de permettre aux humains de se ressourcer, de se reconnecter à eux-mêmes, aux autres et à la nature, afin de leur permettre d’être plus créatifs et plus engagés dans une société juste et respectueuse. 
 

Portes ouvertes aux artistes

Quand on pense créativité on pense souvent aux artistes. Et parce qu’ils sont inspirants nous sommes heureux d’en accueillir régulièrement, grâce à notre galerie d’art, cogérée avec la Ville de Paris, et grâce à nos évènements culturels, souvent gratuits : happening d’un collectif de dessinateurs, portraits minutes par une dessinatrice, photo booth devant une toile teinte avec des plantes, concerts, interview, dédicaces, rencontres…  Merci à Flo de venir habiter nos murs et d’écrire, calmement, son roman chez nous. Quel talent !

 

Créativité et croissance

Les entrepreneurs sont, eux aussi, créatifs. Différemment, économiquement. Et City’zen est aussi un lieu pour les inspirer et leur donner des outils. Nous soutenons ainsi par la boutique de jeunes entreprises ou artisans : Les bijoux en origami faits main de Viocréa, les masques que Yumiko peint à Montreuil, les bouillottes Josiane de Catherine…, les objets forgés de Hamado Zoundi… L’Espace City’zen c’est aussi un lieu où ceux qui portent des projets dans le champ du développement personnel et du bien être viennent demander des conseils, faire des formations, se professionnaliser.

 

Des valeurs fortes, toujours

Travailler en lien avec ces artisans, ces artistes et ces producteurs nous donne un ancrage local fort. L’ancrage, c’est un des mots clés des tiers-lieux : ils ont en commun d’être non seulement tissés, associés, à un écosystème et à un territoire, mais aussi d’animer ce territoire, sa communauté, d’en être un point de ralliement.

L’Espace City’zen est ancré dans plusieurs territoires. Le Parc Floral de Paris d’abord, dont nous assurons l’accueil et le standard. Dès l’ouverture, nous avons voulu tisser avec les jardiniers et les employés du parc des liens serrés. Des partenariats. Des projets, comme lors du village botanique, des 50 ans du Parc. 

Le Parc Floral fait partie de la Ville de Paris, et nous avons été très vite associés par la Mairie du 12eme pour la vie associative et culturelle de l’arrondissement. De même pour la Ville de Vincennes, plus proche géographiquement. Cet ancrage a plusieurs dimensions : 

  1. une dimension écologique, car nous tentons de limiter les distances de livraison, notamment pour les produits de la boutique et les livraisons de repas, gérées avec les restaurants du Parc et un traiteur de Maisons Alfort ; 
  2. une mission d’animation de ce territoire, en créant des occasions de rencontre comme nos vernissages, nos dédicaces, nos happenings culturels, et toute notre programmation bien-être et développement personnel
  3. une action de soutien à l’économie locale, évoquée plus haut par notre engagement auprès de producteurs et artisans locaux
  4. brasser, mixer, partager : à l’Espace City’zen Paris se croisent des gens qui ne se croiseraient nulle part à ailleurs. Nous accueillons des pro et du grand public, des encore jeunes et des déjà moins jeunes, des gens de toutes les couleurs et de toutes origines, à l’image de notre équipe multicolore, des CSP+ et des CSP-… c’est sans doute une des grandes vertus de ce lieu : nous rassembler pour ce qui nous semble essentiel, nous rassembler autour des valeurs humanistes, de ce qui est universel, beau et grand et que nous avons en partage : l’humain.
  5. une transmission d’une mission : lors d’un webinaire sur les tiers-lieux du 10 mars, une intervenante de France tiers-lieu rappelait que l’implication des parties prenantes permet de faire émerger des talents et de transmettre le lieu, sa mission et sa gestion. La grande solidarité qui s’est manifestée lors de la crise COVID m’a montré combien l’Espace City’zen appartient désormais à ses usagers !
  6. un espace posé, ouvert aux propositions de façon à donner un espace de parole, d’expression, au lieu. Nous recevons des projets et des idées toutes les semaines et les étudions pour pouvoir leur donner la capacité de se faire et/ou de grandir. Cette semaine une jeune femme est venue me trouver pour proposer un projet d’animation pour les adolescents pendant les vacances scolaires d’avril et nous allons y travailler !

 

City’zen… citizen : un espace citoyen

Notre engagement citoyen ne passe pas que par notre ancrage local. Il se traduit également par des partenariats avec des associations et par des actions concrètes en faveur de l’ESS en France ou de projets humanitaires. Nous avons ainsi fait des partenariats avec plusieurs associations, comme l’Action Lab de #Leplusimportant, qui fait du mentoring pour les porteurs de projets de l’ESS qui soutiennent l’employabilité durable, ou avec Unis Cité dans le cadre du Citizen Day d’une grande entreprise, ou encore avec l’association Aide et Action qui soutient l’éducation dans les pays en voie de développement. Certains objets de la boutique soutiennent les associations Plan France, Save the Orang Outan, ou un projet d’orphelinat porté par l’association FôGnita. Ces valeurs se rreflètent aussi dans nos équipes : emplois aidés, apprentis, jeunes ou anciens éloignés de l’emploi ont été accueillis pour notre plus grand bonheur.

 

Un tiers-lieux s’appuie sur une communauté

Enfin un tiers-lieu n’est rien sans une communauté, qui l’anime au sens latin du terme : lui donne une âme. Notre communauté est composée de l’équipe permanente, des l’équipe des professeurs et intervenants, du réseau des intervenants qui viennent régulièrement à l’Espace City’zen Paris, mais aussi de tous les clients, fournisseurs, parties prenantes qui se sentent engagés dans le projet. Quand ma fille est née, la mère d’Emma m’a offert une poupée fait main pour elle. Emma travaille à City’zen, et ce sont ses parents qui nous ont présentés : ils pratiquaient le Nadi yoga assidûment avec Claire. Le fils de Richard, qui a fait les travaux chez nous, m’a écrit pour un stage. Marlène le week-end dernier est passée voir l’exposition. Elle est cliente et pratique le qi gong depuis 3 ou 4 ans à City’zen. Elle est devenue une amie, comme tant de ceux que j’ai du mal à appeler nos “clients”. En septembre 2020 alors que la rentrée des classes était incertaine ils ont presque tous renouvelé leurs abonnements en sachant très bien que les cours ne seraient sans doute pas maintenus “en présentiel”. De notre côté, nous avions fait le travail de développer une vraie plateforme de cours en ligne. Mais rien ne les obligeait à prendre ce risque. Ils l’ont fait par amour pour le projet, pour nous soutenir, pour que cela continue. 

En 2017 il m’est arrivé une drôle de rencontre. La même semaine et totalement par hasard j’ai recruté pour mon fils une baby-sitter, dont j’ai rencontré la mère, Christine Koehler, pour un projet à City’zen. Elle avait découvert City’zen grâce à Lisa, une amie de Myriam qui faisait notre com. C’était étonnant de sentir combien tous ceux là avaient convergé vers City’zen, comme attirés par le lieu. De même, en faisant le bilan 2020 je me suis aperçue que nos clients curieusement nous ressemblent. Ce manager de la SNCF qui fait faire du yoga à ses équipes. Celui de la BNP qui se forme au management bienveillant. Certes nous avons une image, une proposition de valeur. Mais j’ai aussi cette sensation que plus profondément des gens de tous horizons se reconnaissent dans le projet. Et c’est aussi comme cela que notre communauté s’est constituée.

Pour finir j’ai entendu récemment Stéphane Vatinel, inspirant fondateur de Sinny et Ooko, rappeler que les premiers tiers-lieux étaient peut-être les abbayes, où l’on se rassemblait autour de nombreuses activités et où le modèle économique était basé sur l’ancrage territorial plus que sur l’enrichissement personnel. J’aime à nous voir comme un lieu qui entretient une flamme. Qui vit pour des idéaux. Où les égos tentent de s’effacer devant la beauté de la mission. A l’époque où l’équipe n’était composée que de Claire, Olga et moi les clients nous appelaient les vestales. 

Pourtant, la laïcité est au cœur du projet de City’zen, et nous n’avons pas de propos religieux ou spirituel. Mais peut être cette volonté d’entretenir une flamme et de veiller à ce que l’essentiel ne se perde jamais.

Je crois que les tiers-lieux sont des lieux d’espérance. Des lieux qui croient qu’on peut inventer demain. Qu’ils rassemblent des chercheurs, des créatifs, des inventeurs de la vie. Qu’ils sont des lieux optimistes.

 

Mathilde, directrice.

 

 

Références

https://coop.tierslieux.net/tiers-lieux/ingredients/

http://recherche-action.fr/tierslieunomade/2017/04/07/les-tiers-lieux-espaces-demergence-et-de-creativite/

https://www.lagazettedescommunes.com/telechargements/2020/12/fm-tiers-lieux-culturels-decembre-2020.pdf